Retrouvez mon intervention lors de l'audition de Bruno Retailleau à la Commission des lois :
"Monsieur le Ministre de l’Intérieur, Personne n’ignorait, depuis le Sénat ou votre Vendée, vos positions radicales, conservatrices et traditionnelles. On était néanmoins en droit d’attendre de vous la mesure et le discernement qu’exigent l’étroitesse de la majorité qui vous soutient.
Vos débuts tonitruants ont été diversement jugés. Le Premier Ministre, président du conseil d’administration, vous a adressé de molles réprimandes en rappelant ce que chacun pourrait prendre pour une évidence que « la fermeté de la politique pénale (…) est indissociable du respect de l’État de droit ». Mais, dans le même temps, Madame Le Pen, la présidente de votre conseil de surveillance, vous a gratifié de ses francs encouragements louant vos envolées lyriques sur l’ordre et vos inspirations directement issues de son programme. Même Madame Lavalette reconnaît en vous son alter-égo comme porte-parole de son parti.
Monsieur le Ministre de l’Intérieur, les Français n’ont pas constitué le Front Républicain pour vous donner l’opportunité d’appliquer à Beauvau le programme du Rassemblement national. Vous avez, en ce début de semaine, tenté de justifier vos propos consternants sur l’Etat de droit en feignant de vous retrancher derrière une incompréhension collective de vos déclarations qui auraient en réalité visé l’état du droit (positif). Puisque cette audition doit nous éclairer sur vos intentions véritables, je veux vous en donner une chance de nous éclairer.
Allez-vous comme Ministre de l’Intérieur piétiner joyeusement le champ de votre collège Garde des Sceaux, nier l’évidence d’une meilleure application des peines comme d’un accroissement du quantum des sanctions décidées par les juridictions nationales ? Vous apprêtez vous à dénier l’office du juge dans l’application comme dans l’interprétation de la loi en parfaite violation du principe de séparation des pouvoirs, fondement de l’Etat de droit ?
Vous entêterez vous à défendre la tenue d’un référendum constitutionnel sur l’immigration dont vous ne méconnaissez aucunement le caractère inconstitutionnel au mépris de la hiérarchie des normes ? Défendrez-vous encore la sortie ou la non application des conventions internationales ratifiées par la France telle que la Convention Européenne des droits de l’homme ou le Traité de Fonctionnement de l’Union Européenne ?
Obéirez-vous docilement à l’ordre intimé par le RN en proposant d’ici le premier trimestre 2025 une loi immigration comportant entre autres une durée minimale d’accès aux prestations sociales ?
Intimerez-vous aux médecins de ce pays de renoncer à prodiguer des soins aux étrangers au dépend de la sécurité sanitaire collective ?
Et parce qu’au fond, cela sera précieux pour nos débats d’hémicycle de la semaine prochaine, serez-vous oui ou non le Ministre de l’Intérieur dont le Rassemblement national a toujours rêvé ? "
L'intervention vidéo juste ici :