Le combat pour l’égalité des droits n’est jamais gagné.

Il a coûté la vie à nombre de ses partisans, notamment lors de la sinistre année 1968 durant laquelle des suprématistes blancs ont ôté la vie au révérend Martin Luther King et au sénateur, candidat démocrate à la présidentielle, Robert Francis « Bobby » Kennedy. D’autres noms se sont ajoutés à cette triste liste.

Tragiquement, l’histoire resurgit lorsque Georges Floyd, citoyen américain, meurt lors d’une interpellation policière abjecte, le 25 mai dernier à Minneapolis. De légitimes protestations civiques ont lieu depuis dans l’Amérique de Donald Trump. Elles sont caractéristiques du climat délétère et de la résurgence d’actes racistes en grand nombre dans ce pays.

Si la situation aux États Unis n’est pas comparable avec celle de la France, la lucidité et le courage nous obligent à relever la hausse des actes de haine racistes, antisémites, antichrétiens et antimusulmans dans notre pays. C’est ce qu’attestent les données recensées en 2019 par le Ministère de l’Intérieur.

Faut-il en déduire que l’État ou la police, et les forces de l’ordre à travers elle seraient intrinsèquement racistes ? Non.

Est-il possible que certains de nos concitoyens ayant des propos ou comportements racistes exercent le métier de gendarme ou policier ? Oui.

La police, la gendarmerie, les forces de l’ordre sont à l’image de la société.

Nos institutions, nos lieux de socialisation sont traversés par les mêmes turpitudes que celles qui tourmentent le corps social. Si les actes racistes augmentent dans la société, alors ils augmentent aussi dans ces fonctions, parce qu’ils gangrènent tout le corps social.

Et si la police a un devoir d’exemplarité, comment l’accabler lorsque la parole publique, des élus comme des chroniqueurs, s’autorise ouvertement des propos condamnables.

Dans les actes, en 2002, le gouvernement décidait abruptement et cyniquement de supprimer la police de proximité au prétexte fallacieux que la police n’a pas à jouer au foot avec les jeunes. Ce que j’ai vu au Canada, dans le quartier de Montréal Villeray, démontre qu’il faut faire tout l’inverse. Vingt ans d’expérience de la police de proximité ont permis d’établir un solide lien de confiance et de respect mutuel entre les forces de l’ordre et les habitants des quartiers populaires.

Dans notre pays, la généralisation de la politique du chiffre ou encore l’envoi forcé de policiers novices, plutôt qu’expérimentés et entraînés au relationnel, dans les quartiers pudiquement appelés « politique de la ville » et avec pour seul outil la pratique déraisonnée du contrôle d’identité n’a cessé d’alimenter la crispation et la méfiance réciproque.

En 2018, la France a rompu avec ces pratiques qui avaient démontré leur échec.

Nous avons créé la police de sécurité du quotidien et nous avons généralisé les caméras piétons qui ont depuis prouvé leur utilité pour prévenir tout débordement quels qu’en soient les auteurs. Nous avons augmenté le recrutement de médiateurs dans les quartiers.

Dans ce contexte, la justice française doit connaître de faits survenus en 2016 et ayant conduit au décès d’un jeune homme, Adama Traoré, lors d’une interpellation par deux gendarmes à Beaumont-sur-Oise.

L’instruction suit son cours et justice devra être rendue au terme d’un procès équitable garantissant aussi les principes essentiels comme la présomption d’innocence.

Dans une société que nous souhaitons apaisée et réconciliée, tous les actes identifiés et reconnus comme racistes doivent être sévèrement et exemplairement punis. Toutes les préventions et les mobilisations pour dénoncer ces actes sont salutaires.

Pour poursuivre le travail entrepris depuis 2018, j’appelle les associations de défense des droits et de lutte contre les discriminations, les syndicats de police et le Ministère de l’Intérieur à se réunir dès qu’ils le pourront pour envisager les mesures complémentaires pouvant être adoptées pour continuer de tisser les liens de la confiance et faire baisser les tensions.

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