Cela fait plus de cinquante ans que la procrastination des décideurs locaux et nationaux prive les habitants de la Vienne et de la Haute-Vienne de toute solution de mobilité entre Poitiers et Limoges. Tour à tour, les uns rejettent la faute sur les autres et justifient une inaction coupable de sorte qu’en 2022, il n’y a toujours pas d’infrastructure sécurisée ou de liaison rapide entre deux ex-capitales régionales et les riverains de la route nationale 147 subissent des pollutions sonores et environnementales. 

La concertation préalable sur la question de l’autoroute, actuellement en cours, est donc une opportunité de décider d’investissements car la question dépasse le débat binaire pour ou contre l’autoroute. J’affirme l’absolue nécessité d’une solution définitive en faveur d’un aménagement routier entre Poitiers et Limoges.

Il s’agit d’abord d’un enjeu d’égalité territoriale. 60km/h de moyenne, plus de 2 heures de trajet de centre à centre, unique axe routier de la Région Nouvelle-Aquitaine reliant deux villes majeures dépourvu de voie rapide, les chiffres ne manquent pas pour illustrer l’actuelle hérésie du trajet Poitiers-Limoges. Si certains discutent encore de l’intérêt pour Poitiers et son agglomération, fortes de sa ligne à grande vitesse ou de l’axe de l’autoroute A10, il est vital pour Limoges, pour le développement du Limousin et du sud du département de la Vienne. L’égoïsme territorial ne saurait à nouveau servir de prétexte pour ne rien faire.

La dangerosité de l’actuelle route nationale 147 est ensuite unanimement reconnue. Le nombre d’accidents corporels y est trois fois plus élevé que sur les routes nationales similaires (126 accidents corporels en 5 ans, près de 40 décès ces dernières années). De fait, il s’agit d’une des routes les plus dangereuses de France. Agir rapidement est donc une nécessité et une demande des riverains. 

Le nombre colossal de poids-lourds fréquentant cette route est directement lié à l’accidentologie. A cet égard, la concurrence entre le train et la route n’a pas lieu d’être puisque les usages sont profondément différents. Qui imagine que les camions en provenance de Strasbourg et à destination d’Hendaye (70% du trafic poids lourds sur cet axe) s’arrêteront pour prendre le train entre Limoges et Poitiers ? C’est ce trafic national qui encombre très majoritairement l’historique RN 147 et les routes départementales avoisinantes et qu’il nous faut dévier.

Par ailleurs, ce débat-ci est révolu ! En 2021, l’Etat et la Région Nouvelle-Aquitaine ont d’ores et déjà décidé de financer la rénovation de la ligne de train Poitiers-Limoges à hauteur de 160 millions. Le plan de relance permet de débuter ce chantier deux ans plus tôt que prévu, soit dès 2023. Vaine, l’opposition entre le train et la route est aussi réductrice car ces deux modalités de transports doivent concomitamment faire l’objet d’investissements. 

Incontestablement, ces travaux auront des conséquences environnementales qui seront fortes et compensées qu’il s’agisse d’une autoroute ou du scénario dit “alternatif” de la voie rapide. Ces deux hypothèses auront aussi des effets bénéfiques pour la qualité de vie des villages aujourd’hui traversés par la route nationale. 

Enfin, je constate que la question du financement est abordée avec une grande transparence par l’Etat. Quelque soit la solution retenue, il faudra un milliard d’euros pour faire l’ensemble du tronçon et les financements publics seront limités à 450 millions d’euros. Dans l’hypothèse de l’autoroute, les investissements privés réalisés par le concessionnaire seraient ensuite rémunérés par un péage dont le forfait est estimé à 14 euros. Je prends acte de ces propositions et je demande à ce que ces crédits soient mobilisés quel que soit le schéma retenu pour l’amélioration de cet axe dans les meilleurs délais.

En tout état de cause, l’aménagement décidé devra prévoir la déviation de l’entrée sud est de Poitiers à Mignaloux-Beauvoir selon le tracé dit nord long arrivant au droit de la voie André Malraux. C’est LA priorité des priorités sur cet axe comme je l’ai déjà défendu à de multiples reprises et ainsi que le préconisent les associations DÉCAPE et Central Parc.

En conclusion, je réaffirme que la concertation publique est une opportunité de prendre enfin une décision pour l’aménagement de cette route. Aussi, je déplore les postures victimaires et les polémiques qui auraient pour effet de reporter une nouvelle fois aux calendes grecques ce dossier essentiel. 

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