Alors que le Gouvernement vient d’annoncer son intention de communiquer chaque mois sur les chiffres de la délinquance, j’ai dit, au journal La Croix, mon opinion sur ce sujet.

Sacha HouliéLa Croix - 7 septembre 2020

De la part du ministère de l’intérieur, communiquer tous les mois sur les statistiques de la sécurité intérieure peut être positif ou négatif selon ce que le gouvernement en fait. S’il s’agit d’avoir une analyse fine et objective de la situation, de participer à la pédagogie générale, cela aura l’avantage de calmer l’outrance des politiques qui font de l’insécurité et de la peur leur fonds de commerce.

Je souligne d’ailleurs que le service statistique ministériel de la sécurité intérieure publie déjà une analyse mensuelle des crimes et délits sur les trois derniers mois. La dernière publication date du 4 septembre. La nouveauté, c’est donc uniquement la mise en scène de leur publicité.

Or, s’il s’agit de participer à la surenchère dans les coups de menton sécuritaires, c’est une erreur. Avant de pouvoir résoudre les problèmes, il faut les identifier et les nommer avec exactitude. Par exemple, parler « d’ensauvagement » ne correspond pas à la réalité. Ma permanence parlementaire est située dans un quartier populaire : je connais et je ne nie pas ce que vivent les Français. Je n’ai donc strictement aucun tabou à parler de sécurité, je ne suis ni laxiste ni angélique.

La majorité a d’ailleurs bien travaillé : nous avons recruté 7 500 policiers et gendarmes supplémentaires sur les 10 000 promis sur le quinquennat ; pour aller vers des sanctions immédiates, nous avons verbalisé l’usage de stupéfiants d’une amende forfaitaire ; afin de rompre à la fois avec le sentiment d’impunité et avec la logique du tout carcéral, nous avons réformé les peines alternatives à la prison.

Une politique de sécurité efficace sur le terrain, ce n’est ni du chiffre ni du spectacle Place Beauvau. À une statistique, ne doivent pas nécessairement correspondre une annonce, puis une autre statistique. En 2018, lorsque la majorité a lancé la police de sécurité du quotidien, elle a décidé de mettre un terme à la politique du chiffre. Nous en avons définitivement fini avec l’idée que les services de police ou de gendarmerie devaient atteindre un certain seuil d’infractions.

C’est du bon sens : l’État doit chercher à réprimer les contraventions, crimes ou délits, pas à en atteindre des objectifs chiffrés ! Non seulement la politique du chiffre n’avait pas d’effets positifs, mais elle présentait des effets pervers, négatifs, en entraînant le refus d’un commissariat ou d’une gendarmerie de recevoir une plainte lorsque l’affaire semblait difficile voire insoluble. Objectif : ne pas avoir à justifier de mauvais chiffres d’élucidations.

Bref, je n’ai pas de réserve sur un outil qui, de toute façon, existe déjà, mais sur la manière dont le ministre et une opposition de droite ou d’extrême droite risquent de l’instrumentaliser.

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